Bon, il me faut
faire un choix.
J’ai grandi en
France. Le français a été ma langue intime depuis toujours. Je me risquerai à
dire que je rêve en français. La vérité c’est que j’ai fait de cette langue une
sorte de caverne. Tout cela parce qu’entretemps je vis au Portugal depuis bientôt vingt ans.
Vingt années au long
desquelles j’ai développé un rapport fonctionnel à la langue portugaise. Mais
jamais je n’ai permis à cette langue ni à ses auteurs de pénétrer dans ma
petite caverne. Chaque fois que
j’exprime un désir oisif de lecture, mon choix retombe sur la langue de Molière. Lorsque je rentre à la Fnac, mes pas me mènent directement à la
section des auteurs français.
Mais voilà, il me
faut maintenant sortir de cette caverne. Je me dois de m’ouvrir à mes
voisins. Il me lasse de vivre par perfusion une sorte de réalité idéalisée.
J’en ai, par
ailleurs, fait l’expérience ces dernières années lorsque je suis retourné vivre
à Paris entant qu’adulte, pendant près de quatre ans. J’ai aimé ces années mais
je me suis confronté à un pays bien plus contrasté qu’il ne l’était dans mes
représentations.
Pendant des années,
mon cordon ombilical me reliant à la
France c’était les livres et la radio. La voix. Les nuits de France Inter et maintenant les podcasts de France Culture sont ma meilleure berçeuse: eux et moi, la nuit.
En fait, ce que je
viens ici exprimer c’est une certaine envie de m’ouvrir à la pensée portugaise.
Tout cela parce que je ressens finalement un besoin de partage plus que de
construction d’une différence. Je pense
qu’il n’y a pas lieu à faire un deuil du français. Cependant, il me faudra bien créer un espace
pour ces nouveaux auteurs; que je les accueille sans arrière-pensée et sans
comparaisons.
Oui, il faut bien
que je l’avoue, le fait d’avoir une tête française importe aussi une sorte de
suffisance à l’égard d’autres mondes.
Donc voilà, je pose
mes valises. Mon intention est prise: je m’ouvre au
portugais.
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